Vienne, 1785-1790
Ferdinand Hofmann a été l’un des plus importants facteurs de pianoforte à Vienne du temps de Mozart, où il était le rival direct du célèbre Anton Walter, et illustrait une conception sonore différente : variété qui témoigne de la richesse de la facture dans cette ville à cette époque. Le présent pianoforte possède une table d’harmonie très fine et savamment barrée, cherchant les qualités de projection d’un son défini et plein.
A leurs époques fastes, ces grands ateliers de Vienne ont produit jusqu’à un piano par semaine. Malheureusement, très peu de ces instruments nous sont parvenus. Seuls une douzaine de pianoforte à cinq octaves de Hofmann sont connus aujourd’hui, et plusieurs d’entre eux ont subi des altérations ne permettant plus vraiment une remise en état de jeu. Certains détails de facture permettent de reconnaître dans celui dont il est question ici un des plus anciens de la série, et de le dater des environs de 1790.
L’instrument possède un décor vraiment peu courant de stucs dorés sur fond bleu, réalisé quelques années après sa construction, très probablement en Italie, où les piano viennois ont été très diffusés. La présence d’un aigle couronné au sommet d’un des panneaux du couvercle suggère en tout cas un commanditaire autrichien, ou lié à l’Autriche, qui était comme on sait très présente dans ces années-là en Italie.
Je tiens à saluer ici le remarquable travail de restauration fait par Anthony Sidey (Paris), ainsi que celui de Christian Kuhlmann (Bremen), qui a brillamment restitué les quelques parties manquantes de l’instrument. Je voudrais aussi remercier Olivier de Spoelberch pour la très réussie restauration des stucs.